
L'humain au coeur de la gestion de l'information : pour des pratiques responsables et inclusives
Pourquoi avons-nous choisi ce thème ?
Au cours des dix ou vingt dernières années, l'utilisation de solutions numériques visant à améliorer l'efficacité, la redevabilité et la qualité de l’aide humanitaire et des projets de développement a crû de façon exponentielle. L’approche “data-driven” est aussi devenue une nouvelle tendance, associée dans l'esprit de nombreux acteurs aux nouvelles technologies.
A première vue, cela peut être perçu comme en décalage avec les approches humanitaires et de développement centrées sur l’humain. De fait, la technologie demeure encore largement inaccessible à de nombreuses personnes et acteurs pour des raisons financières et d’appropriation du numérique. La technologie peut également créer de nouvelles barrières entre les travailleurs de la solidarité internationale et les populations vulnérables, lorsqu'elle n’en crée pas directement entre acteurs du secteur en fonction de leurs niveaux de maîtrise des outils et concepts de la gestion de l’information.
L'utilisation des solutions numériques soulève également d'importantes questions éthiques. Plus largement, les prises de décision dans la mise en œuvre des projets basée sur une approche qualitative/quantitative habituellement équilibrée, sont progressivement remises en cause par des processus de décision exclusivement basés sur des outils quantitatifs qui peuvent être déconnectés de la réalité du terrain, comme on le voit avec l'utilisation exponentielle des tableaux de bord.
De nombreuses approches différentes ont tenté récemment de contrer ce mouvement. Certaines d'entre elles promeuvent l'inclusion des populations vulnérables dans les projets qui leur sont destinés, tandis que d'autres soutiennent le développement d’une culture des données au sein des organisations. Un accent a aussi été mis sur l’intégration des bonnes pratiques et des principes liés à une gestion responsable des données et au développement numérique au sein du secteur ; notamment en ce qui concerne les méthodologies IM et le développement de nouveaux outils.
Lors du forum GeOnG 2020, nous souhaiterions ainsi interroger la manière dont les technologies et les pratiques de gestion de l'information peuvent être véritablement centrées sur l’humain, en intégrant les (différents) droits des personnes et des communautés dans leur pleine diversité. Nous débattrons donc des différentes facettes de ce qu’est la responsabilité et l'inclusion en matière de données, et sur la possibilité de réellement mettre ces principes en oeuvre. Nous discuterons également des contraintes que les organisations humanitaires et de développement rencontreront inévitablement pour atteindre un tel objectif - comme toujours en essayant aussi d’apporter des solutions à ces défis.
Quelques exemples de thématiques que nous souhaiterions aborder lors de la 7e édition
Concrètement, nous examinerons le thème principal du GeOnG 2020 non seulement sous l'angle d'une meilleure intégration des populations vulnérables au cycle de vie des données, mais aussi sur la façon dont nous pouvons nous assurer que les données recueillies sont particulièrement représentatives des populations à risque de discrimination. L'accent sera également mis sur la mise en œuvre de l'approche éthique “Do No Harm” en matière de données : mesures et outils simples de sécurité et de protection, rationalisation des droits à la protection des données dans la programmation, algorithmisation du traitement des données, et ainsi de suite.
De même, nous espérons remettre en question le rôle des parties prenantes souvent considérées comme “moins directes” dans la gestion des données humanitaires et le développement (comme les acteurs de la société civile, les gouvernements, les bailleurs, etc.) pour identifier des voies plus claires permettant le partage des données dans une visée de bien commun et celles permettant de protéger les données qui ne devraient manifestement pas l'être.
Enfin, nous aborderons l'idée de promouvoir la culture aux données (data literacy) au-delà des équipes en charge de la gestion de l'information et du S&E au sein des ONG pour faciliter la prise de décision fondée sur les données. La question de l'inclusion et des pratiques responsables en termes de données sera également abordée sous l'angle moins débattu des outils et solutions utilisés et promus par les organisations humanitaires et de développement et de la nécessité pour ces derniers d’être faciles d’utilisation et inclusifs en limitant les biais inhérents et en promouvant une conception centrée sur l’humain (human-centric design).
Cette liste est indicative. L'agenda du GeOnG (disponible en anglais) explorera, comme à son habitude, de nombreux sujets d'intérêt pour le secteur !