
Roch est un artiste-peintre établi à Chambéry, qui a participé au dernier GeOnG* en tant qu’artiste en résidence (réalisant à la fois une œuvre participative et un triptyque) et qui a accepté de nous parler de son travail en ce mois d'août, à l’occasion de la livraison de son œuvre participative.
Quel est ton projet, ta démarche ?
Je suis artiste-peintre sur mesure et mon projet est de proposer des solutions pour des événements ou des projets de décoration en milieu professionnel. L’idée est de mettre en corrélation l’art et l’univers de l’organisation.
Dans le cadre du GeOnG, l’idée était de proposer quelque-chose d’artistique qui touche, qui inspire et qui pousse à la réflexion. Parfois, cela permet aussi de faire remonter des souvenirs et des émotions, comme cette personne qui m’a confié pendant le GeOnG qu’une des toiles lui rappelait le Cameroun.
Pourquoi as-tu voulu participer au GeOnG ?
J’ai entendu parler du GeOnG via l’intermédiaire de Maeve de France, que j’avais rencontrée l’année précédente. L’on s’est vu en amont du GeOnG pour discuter du projet et c’est à cette occasion que les choses se sont vraiment concrétisées.
Ce que je trouvais intéressant dans le projet du GeOnG, c’était de travailler à toucher de techniciens cartographes et aussi des personnes d’horizons et de pays différents par le biais de l’art en corrélation avec la thématique de l’événement. Pour moi, le GeOnG a aussi été très important car c’était le premier événement pour lequel je réalisais une performance. Je l’ai vécu comme la confirmation de mon projet artistique.
Peux-tu nous expliquer ton triptyque ?
C’est un triptyque évolutif entre passé, présent et futur. L’idée était de travailler sur les thématiques du déplacement de population et du digital. Sur chaque toile, l’on retrouve des gravures qui symbolisent l’état de passage ou de transition de l’être humain.
La première toile représente l’implantation humaine en milieu pacifié. La deuxième toile s’intéresse aux déplacements de population causés par un perturbateur : conflit, épidémie, désastre naturel. Chacun peut l’interpréter comme il l’entend. Sur la troisième toile, les populations sont en quelque-sorte canalisées ou encadrées dans des camps. Si vous regardez bien, le triptyque est construit de telle manière que les populations puissent passer d’une toile à l’autre, et donc d’un état à un autre. Les trois toiles s’inter-changent.
Quelles ont été tes inspirations pour cette toile ?
Ce triptyque a été pour moi l’occasion de travailler sur la cartographie et de découvrir le travail de CartONG et des organisations impliquées dans le GeOnG, et ce faisant, de se pencher sur les réflexions qu’elles se posent. Essayer de comprendre, essayer de voir comment cela se passe.
Je me suis penché sur des problématiques qui se posent en cartographie : l’idée du visible (par exemple, ici le champ) et celle du caché (par exemple, ici la forêt). Il y a également un désert marqué par des passages, des traces – à chacun de voir leur ressenti et leur interprétation de ces traces. J’ai aussi voulu représenter des contextes topographiques et climatiques. Par un fleuve traversant différents paysages allant du tropical au désertique, je cherche à montrer la multiplicité des impacts sur les déplacements de population.
Mes inspirations sont multiples : le Sahel, les fleuves amazoniens ou bien encore les forêts d'Afrique. Les informations sur les camps de réfugiés et les cartes que vous m’aviez passées avant le GeOnG m’ont aussi été très utiles pour avancer dans ma réflexion graphique.
Peux-tu nous raconter l’histoire de la toile réalisée pendant le GeOnG ?
La deuxième oeuvre – qui agrémente la salle de réunion de CartONG et pour laquelle nous remercions chaleureusement Roch – est collective. Pendant les deux premiers jours de l’évènement, j’ai peint en direct sur la planche en bois qui était séparée en deux morceaux et que j’avais préparée en amont du GeOnG. Une fois la peinture terminée, pendant la soirée des 10 ans de CartONG, j’ai proposé aux participants du GeOnG de se munir de bouts de laine et de venir les placer sur la planche, en quelque-sorte pour recoudre la terre qui était fracturée - afin de recréer du lien.
Pour cette toile, je me suis penché notamment sur les catastrophes naturelles. Par exemple, lors d’un tremblement de terre, la terre se fracture mais ne se ressoud jamais – les plaques ont bougé et ne peuvent être remises en place – et donc les cartes changent, évoluent. Quelque-part, c’est aussi le travail du cartographe que de recréer ce lien, notamment grâce à son travail de modification des cartes.
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Roch travaille actuellement sur d'autres projets : en événementiel autour de l'univers 3D, sur la thématique urbaine pour du design de mobilier et sur d'autres commandes de peintures sur mesures. Il expose actuellement ces toiles à l'espace de co-working le MUG2 à Aix-les-Bains jusqu'à fin septembre. Il exposera, entre autre, du 23 avril au 9 mai 2018 à la Chapelle Vaugelas à Chambéry. Vous pouvez retrouver le travail de Roch sur Facebook & sur son site internet.
*Le GeOnG est un évènement ayant lieu au Centre de Congrès le Manège à Chambéry tous les deux ans et qui rassemble les acteurs de l’humanitaire et les professionnels de la gestion de l’information et de la cartographie